Love-Fan-Fictions
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Love-Fan-Fictions

Pour les amoureux de la fiction, de la fanfiction et de la musique.
 
AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez

Project Novus (Le vrai titre est confidentiel pour l'instant) [+13]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Omiganox
Humain
Humain
Omiganox


Cancer Chien
Messages : 43
Date d'inscription : 29/01/2013
Age : 29
Localisation : France

Project Novus (Le vrai titre est confidentiel pour l'instant) [+13] Empty
MessageSujet: Project Novus (Le vrai titre est confidentiel pour l'instant) [+13] Project Novus (Le vrai titre est confidentiel pour l'instant) [+13] I_icon_minitimeDim 29 Juin - 16:06

Genre:  Action-Aventure, Science-Fiction, Policier, Cyberpunk, Univers alternatif
Crédits: Tout ce qui est issu de cette fiction est entièrement personnel (il y a néanmoins des inspirations d'autres oeuvres et des clins d'oeil).
Base: Aucune (ce n'est pas une fan-fic).
Rating: [+13]
Avertissements: Il ne s'agit que du premier chapitre. Le reste ne sera pas publié avant l'écriture complète de l'histoire.
Résumé: Perdue dans un archipel aux allures d'un monde fantaisiste, la société de Kryst°EarthSky est en proie au terrorisme actif du Groupuscule. Le Consortium, l'unité gouvernementale élue par le peuple toutes les Décennies, est visé, et seuls les Gardes, la branche armée de la civilisation, représentent leur unique ligne de défense.

Lors d'une réception organisée par des haut-lieux du secteur industriel, les activistes interviennent et prennent en otage les invités. Voulant faire passer un message au Conseil, ils seront confrontés à un imprévu de taille. Ce dernier sera alors conduit à découvrir ce qui se cache derrière leur credo:

Claritatem Illuminati
___________________________________

Chapitre 01:
La soirée


La tension était palpable. Alors qu'ils étaient encastrés à l'arrière d'un camion de livraison, attendant leur intervention dans le silence le plus total, chacune des personnes présentes ne se prononça. Tous savait que la route était lisse, ce qui n'empêchait pas l'arrière du véhicule de tanguer en continu; tous connaissait l'issue de cette nuit, au cours de laquelle leurs actions changeraient sans doute l'avenir; enfin, tous ces hommes cagoulés, en tenue de combat noir, équipés de mitraillettes légères standards et de bombes fumigènes, ne pouvaient s'empêcher de penser à la seule issue qui leur était destinée: un aller simple pour le Gouffre. Ou la mort, s'ils étaient chanceux. Si quelques-un vérifiaient leur matériel encore et encore, comme si cela allait favoriser leur chance dans les heures à venir, d'autres préféraient faire le vide, fixant le sol métallique et serrant les mains religieusement, comme pour se pardonner. Cela faisait maintenant une heure qu'ils avaient quitté leur planque, un entrepôt récemment saisi par les Gardes, échappant de peu à leurs assaillants, et chaque minute passée les rapprochait un peu plus de leur objectif: le bâtiment administratif de la Fonderie, lieu stratégique de cette entreprise qui a grandement participé à l'évolution de la société actuelle. Finalement, le camion finit par s'arrêter, et l'un des soldats se leva, l'arme en main, pour annoncer à ses camarades:

Cette fois-ci, nous y voilà! prononça-t-il d'une voix sérieuse, sans la moindre hésitation dans ses paroles. On a peut-être dû partir en catastrophe pour éviter ces acariens de chasse du Consortium, mais je crois qu'il est temps, pour nous tous, de se faire connaître. Et de revendiquer haut et fort nos intentions! Voilà les ordres: on s'infiltre dans le bâtiment par les entrées de service, on prend le contrôle des sites essentielles, on change le statut des invités de cette «soirée de commémoration au fondateur de l'entreprise» à celui d'otages et on attend que le Conseil prenne contact pour la négociation. Et n'oubliez pas vos marquages, les gars. Il faut qu'ils sachent tous, une bonne fois pour toutes, qu'ils ont à faire au Groupuscule!

L'ambiance silencieuse se changea alors en une situation dangereuse dans le devenir: tous les individus sortirent un bandeau noir de leur poche et le mirent à leur bras droit. Bien qu'ils se fondaient dans la tenue de leurs porteurs, on pouvait les distinguer à leur signe blanc, qui représentait un demi-cercle entouré par cinq rectangles, à la manière d'un soleil qui se couchait. Et, se levant tous, ils descendirent du véhicule en binôme pour accéder à l'escalier de service du parking souterrain. Il n'était pas spécialement grand, ni rempli comme il devrait l'être habituellement, mais la modernité des lieux se faisait fortement ressentir avec la présence de lampes et de barrières électrostatiques, couplés sur les quelques piliers qui soutenaient en partie la structure du bâtiment. Devant leur point d'entrée, les premiers soldats l'enfoncèrent, puis tout le groupe suivit dans les escaliers, armes braquées en avant, prêt à neutraliser toute menace indésirable. Arrivé au rez-de-chaussée, derrière les murs du grand hall d'entrée, il se divisa pour que chaque division armée atteigne son objectif. Le chef partit avec une douzaine d'hommes vers le centre de l'infrastructure, où la soirée devait se tenir. Ils empruntèrent différents couloirs, plongés dans l'obscurité, où figuraient quelques plantes en pots, des fontaines d'eau modernes, un ou deux ascenseurs et les bureaux des employés. Malgré la grandeur des lieux, le meneur savait pertinemment vers où aller, se rapprochant toujours plus de leurs cibles. Heureusement pour eux, il n'y avait aucun système de sécurité pour les épier ou les inquiéter. Seule l'intervention des Gardes pourrait leur poser problème...

Lorsqu'ils eurent atteints une double porte vitrée, qui donnait sur une grande salle circulaire éclairée par la lumière du ciel, ils stationnèrent devant, comme s'ils attendaient quelque chose. Le chef de la division prit une radio noire en main, et la brancha pour écouter un bruit de parasite continu. Quelques minutes passèrent alors que, tapis dans l'ombre, chaque individu commençaient à montrer des signes de nervosité, regardant de tous les côtés rapidement, comme si un Garde allait leur tomber dessus pendant une patrouille. L'un d'entre eux allait se prononcer pour demander quand ce serait bon, mais le meneur le remarqua et le fit taire d'un geste brusque de la main. Heureusement pour lui, ils pouvaient enfin continuer, le signal que recevait l'appareil se coupant subitement. Leur accès s'ouvrit automatiquement, et ils purent pénétrer dans le dôme cylindrique: un grand «œil» de verre, incrusté dans le plafond, donnait sur l'extérieur et permettait l'entrée de la lumière nocturne. De nombreux parquets de végétation fleurie et exotique décoraient les lieux, et sept étages composaient ce hall. La réception, qui se tenait au rez-de-chaussée, battait son plein avec une bonne trentaine d'invités et une ambiance particulièrement festive. Postés au premier, le groupe se divisa à nouveau, et chaque soldat alla se poster à une place différente, tout autour du noyau central, de manière à bloquer toutes les issues de cette hauteur et surveiller chaque faits et gestes des personnes qui festoyaient en bas près des buffets.

Comme prévu dans le plan, les autres membres du Groupuscule rejoignirent l'escouade du chef et finirent de boucler cette partie du bâtiment. Puis, sans plus tarder, il emprunta l'un des six escaliers en colimaçon blancs présents à l'étage, suivis par quelques-uns de ses hommes. Une fois en bas, ils se déployèrent silencieusement tout autour des invités, se déplaçant incognito dans l'ombre, puis le leader noir entra dans le cercle de lumière de la réception. Personne, parmi les hommes et femmes en costume de soirée, ne remarqua sa présence, jusqu'à ce qu'il tire, l'arme tendu vers le haut. Ce qui avait été, quelques secondes plus tôt, une petite soirée amicale entre amis et fonctionnaires, des éclats de rire et de vives discussions de tous parts, était devenu une place calme, tous les regards étonnés, et apeurés de certains, vers l'intrus armé. Celui-ci s'avança doucement parmi les convives, la mitraillette bien en évidence, et intimidait tous ceux qu'il croisait du regard. Arrivé près de la table centrale, où une énième fontaine d'eau figurait, il annonça d'une vive voix, afin que tous puisse l'entendre:

Bien, on ne vous l'a peut-être pas dit, sans doute parce que vos hôtes n'étaient pas eux-mêmes au courant, mais nous sommes là pour l'animation. À cette fin, nous vous demanderons juste de ne pas crier ni paniquer, et d'obéir sagement à ce que nous vous dirons de faire...
Mais qui êtes-vous donc? osa demander l'un des invités. De quel droit vous permettez-vous de pénétrer dans cette fête privée?
Mais du nôtre, mon cher monsieur, rétorqua le chef cagoulé. Quant à savoir qui nous sommes, cela ne vous concerne pas. C'est plutôt au Consortium qu'on voudrait se présenter. Et en tant que modestes otages pour notre cause, vous allez nous aider pour atteindre notre objectif. Actuellement, vous êtes encerclés par plusieurs de mes gars; la fuite est donc impossible – sans risquer votre vie inutilement, bien entendu. Et pas la peine de compter sur la sécurité. On s'en est... occupé, avant de venir vous voir. En toute amitié, je sous-entends!
Et comment allons-nous vous aider? demanda une femme aux cheveux blonds, coupés et en costume noir, le ton sûr mais le visage aux bords des larmes. Rien ne vous dit que nous allons coopérer avec... vous et vos hommes.
J'y venais, madame, j'y venais! répondit le terroriste. Je savais bien qu'il y aurait des réticents, mais heureusement pour vous, vous ne ferez pas partie des gagnants de notre grand concours: «Qui veut recevoir du fer dans l'estomac?».

Toutes les personnes reculèrent de quelques pas, effrayées par ce que venait d'annoncer leur ravisseur. L'ambiance festive s'était peut-être évanoui aussi brutalement que l'arrivée impromptue de ces extrémistes, mais elle fut vite remplacée par de la peur et de la crainte. Seul l'homme armé souriait, scrutant le visage de chaque personnage, à la recherche des victimes potentielles de son «grand concours». Ses sbires surgirent alors de l'ombre, et il leur indiqua, de l'annuaire droit, plusieurs individus, ici et là, peu importe qu'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, d'un patron ou juste d'une cadre de bureau. Au final, une dizaine d'invités furent sélectionnés, et leur tortionnaire les emmenèrent hors du hall, vers des réserves ou des locaux de maintenance. L'un d'eux, les mains derrière la tête, ne semblait pas paniqué. Loin de là: le visage froncé, l'expression sérieuse, comme insensible à la situation présente; il semblait que cet étrange individu était habitué à ce genre de problème. Son «garde» l'emmena à l'étage supérieur, très loin du dôme central, où ils s'enfermèrent dans le bureau d'un ingénieur informatique; en tout cas, les différentes tours rectangulaires noires, interconnectées grâce à des câbles et l'ordinateur posé sur une table au fond de la pièce, loin de la porte, indiquait qu'il s'agissait peut-être d'un lieu d'ingénierie. Face au mur parallèle à la porte d'entrée, le terroriste tenait en joue son prisonnier, le doigt sur la gâchette. L'attente fut de courte durée, puisque qu'un grésillement provint de sa radio. Ils purent entendre la voix du leader:

Normalement, tout le monde devrait être à sa place. Bien, pour être sûr que tout le monde nous obéisse au doigt et à l’œil, nos dix malheureux «gagnants» vont servir d'exemple. Comment, me demanderiez-vous sûrement? Quelques balles logées dans le torse devraient faire l'affaire. Évidemment, pour garantir notre bonne foi, le but ne sera pas de les tuer mais de les immobiliser. Toute personne qui dérogera à notre zone de restriction, ou qui essaiera de jouer les héros, empêchera ses conjoints de recevoir les soins appropriés. Mais trêve de bavardages! Une fois mon compte à rebours achevé... Mais pas la peine de vous le dire, mes chers Élites; vous êtes aussi intelligents que nous, après tout! Cinq...

Le terroriste enleva le cran de sûreté de son arme, qu'il pointa ensuite sur le dos de sa future victime. Cette dernière ne bougea pas, comme figée, mais elle n'en demeurait pas moins paniquée. Alors que le leader du groupe avait l'air de prendre son temps pour décompter, de manière à se délecter de la situation des otages, son sbire s'adressa à l'homme sur un ton nerveux, mais à la limite de la joie:

Depuis le temps que je voulais me faire un Élite légitime, déclara-t-il d'une voix grave, dont la nervosité pouvait se faire entendre. Bonnes souffrances, «mon cher»...
Quatre... continua le chef à la radio.

À l'approche de sa bonne occasion, le tortionnaire tressaillit, bougeant un peu sur place, n'arrivant plus à camoufler son bonheur. Ce fut alors son prisonnier qui le ramena sur terre: après une grande inspiration, il se retourna brusquement, prit l'arme vers son milieu avec sa main gauche pour remettre le cran de sûreté. Puis, pour enchaîner son mouvement, il saisit la mitraillette de sa main droite au niveau de la détente et s'appuya sur son élan pour asséner un violent coup de crosse dans la gorge du bandit. Déstabilisé par cette action imprévue, ce dernier recula de quelques pas tout en se tenant le cou, et essaya de reprendre son souffle, suffoquant à moitié.

Trois...

L'individu n'en resta pas là: posant l'arme récupérée à terre, il décocha un poing gauche sur le visage cagoulé du blessé, qui libéra ses mains de son cou pour riposter. Il brandit le bras droit pour tenter de toucher le visage de son adversaire, mais celui-ci l'intercepta dans son élan et le lui brisa en le tractant violemment vers le sol.

Deux...

L'homme cagoulé voulut pousser un cri de douleur, mais les seuls sons qui sortaient de sa bouche furent des bruits semi-étouffés par la gorge. Avec sa rotation partielle sur la gauche, le combattant en profita pour frapper l'arrière du genou droit du terroriste, le mettant au sol. Enfin, il serra son cou avec ses bras pour bloquer sa respiration temporairement.

Un...

Encore libre de son bras gauche, le vaincu essaya de donner un coup de coude dans les côtes de son «prisonnier». Malheureusement pour lui, ce dernier vit son geste désespéré et lâcha sa prise pour attraper son dernier membre encore intacte. Pris en main, il le releva rapidement tout en se retournant, et le lança rapidement sur l'un des serveurs, qui s'abîma au contact de l'individu et projeta quelques étincelles sur le sol. Lorsqu'il ne le tint plus, il ramassa la mitraillette légère figurant à ses pieds, enleva le cran de sûreté et tira une courte rafale dans le gilet pare-balles de son adversaire lorsqu'il entendit:

...À vous de jouer, messieurs.

Le terroriste ne fut pas blessé par le tir, mais l'homme perçut clairement les autres déflagrations grâce à la résonance des couloirs. Quand le silence fut revenu dans le bâtiment, il ferma la porte du bureau, s'accroupit à côté du corps plaqué contre l'armoire métallique et sortit une oreillette, équipée d'un micro, d'une des poches intérieures de son costume. Il la mit sur son oreille droite et l'activa pour faire apparaître un écran holographique bleu face à son visage. Une fenêtre de connexion s'afficha immédiatement, et lorsque le statut changea de «En cours...» à «Liaison active», il sélectionna du regard «Fréquence F.E.A.R.S.K.Y» parmi toutes les options proposées. Un nouvel écran apparut avec, cette fois-ci, un symbole: un écu ancien bleu foncé dont quatre bouts d'armes dépassaient des coins en diagonale. Un laurier jaune entourait également les extrémités du bouclier, où le logo du Consortium – un globe terrestre violet surplombé d'un grand «C» blanc – figurait. Une longue liste de communications était disponible, indiquant les ondes radio utilisées et la puissance des divers signaux, mais il s'en détourna pour choisir la première: «Leader». Clignant des yeux pour valider son choix, il demanda calmement, mais avec un ton sérieux:

FearSky Un-Leader, ici FearSky Un-Deux, vous me recevez? À vous.
FearSky Un-Deux?! répondit une voix grave, à moitié couverte par des parasites. Qu'est-ce que vous foutez, bordel? C'est une ligne de communication militaire, pas un réseau public pour vous la péter à propos de vos réceptions mondaines! Refaites-moi encore un coup comme ça et je vous garantis que notre prochaine rencontre se fera dans les quartiers de haute sécurité du Gouffre!
Alors dans ce cas, j'espère que nous partagerons la même cellule, rétorqua l'individu. Car au vu du déroulement de la soirée, je suis en mesure de vous déclarer que vous avez bien foiré votre descente aux entrepôts, Un-Leader.
Comment ça, Un-Deux? Expliquez-vous!
Un contingent de terroristes armés vient de faire irruption dans le quartier général de la Fonderie, expliqua le combattant, toujours calme. Je n'ai pas de chiffres exacts à donner, mais ils doivent être une bonne cinquantaine s'ils ont réussi à boucler le bâtiment administratif. Moins un, avec celui qui a tenté de me tirer dessus à bout portant. Niveau équipement, c'est léger, mais suffisant pour maîtriser une petite foule et tenir les Gardes à l'écart de leur périmètre sécurisé.
Qu-quoi...?! balbutia Un-Leader, haussant un ton surpris. Oh, putain de merde!
Vous n'avez pas tort, Leader. Je tiens aussi à signaler que...
Rien à foutre de vos détails, Un-Deux! reprit Leader d'une voix vive. Je dépêche toutes les unités disponibles sur place et on règle ça fissa. Quant à vous, restez où vous êtes et tâchez de ne pas faire le con!
Pour ça, c'est déjà trop tard, répondit le soldat. Bon, comme vous voulez continuer sur la voie de la dégradation, je vais vous laisser faire. On verra bien ce qu'en dira l’État-major après le fiasco que provoquera votre assaut en force contre ces terroristes.
Qu...

Le commandant de l'homme voulut répondre, mais il perdit sa respiration en voulant répliquer et se tut. Devant le manque de réponse de son supérieur, l'individu retira son oreillette et voulut débrancher la connexion lorsque la ligne audio affiché à l'écran holographie se remit à onduler. Esquissant un sourire du coin des lèvres, il remit son équipement et s'adressa à nouveau à Leader:

Un-Leader, ici Un-Deux, vous êtes toujours là?
Ouais, je suis toujours là, Un-Deux! déclara le commandant sur un ton énervé. Bon, pouvez-vous me donner un état de la situation aussi précis que possible?
Affirmatif: les terroristes sont majoritairement présents dans les couloirs encerclant le hall central du bâtiment. Ils tiennent en otage tous les invités et ont déjà fait neuf blessés graves pour montrer à tous qu'ils ne plaisanteraient pas en cas de... Désobéissance civile, détailla Un-Deux.
Attendez... Déjà neuf victimes? Mais qu'est-ce que vous foutiez? reprit de plus belle Leader.
Si je m'étais risqué à les attaquer pendant leur arrivée, je ne serais pas là à me faire engueuler par mon chef adoré.
Votre gueule, Un-Deux, répliqua sèchement Leader.
Idem si leur chef charismatique ne m'avait pas sélectionné pour faire partie des malheureux désignés, poursuivit le soldat, sans prêter attention à la dernière remarque de son commandant. À priori, ils tiennent toujours en laisse les invités, ce qui laisse donc penser qu'un tiers de leurs forces est concentré dans le hall et que le reste patrouille dans les couloirs avoisinants.
Bien reçu. Ça devrait pas mal nous aider pour les repérages thermiques. Autre chose à préciser?
Oui. Ce n'est pas qu'une simple prise d'otage; selon leur chef, ils sont là pour faire passer un message au Consortium. Je préconise donc à ce dernier et à vous de faire traîner l'intervention armée pour me laisser le temps de...
Ah non, ça ne va pas recommencer, Un-Deux! coupa à nouveau le commandant. Dois-je vous rappeler ce qui s'est passé la dernière fois que vous m'avez fait un coup pareil, à jouer le petit con d’insubordonné solitaire?
Un blâme pour vous et une médaille pour moi, Leader; merci de me le rappeler, répondit ironiquement Un-Deux. Contentez-vous seulement de me laisser assez de temps pour que votre part d'action dans cette histoire se fasse sans trop de dérapages foireux.
Hum, compris, Un-Deux, conclut Leader d'un ton amer. Mais une fois que ce sera fini, vous passerez devant la Cour Martial!
Si ça peut me permettre de changer de chef, alors aucun problème, dans ce cas. Un-Deux, terminé.

Le soldat, de quelques mouvements de l’œil, ferma l'écran virtuel et rangea pour de bon son oreillette dans son costume noir. Suivant ses propres directives, il déshabilla sa victime, lui retirant sa cagoule et son gilet pare-balles noirs pour s'en équiper. Comme le temps lui était compté, il ne prit pas la peine d'enlever sa tenue de soirée, ce qui allait doubler l'épaisseur de ses vêtements et réduire sa mobilité. Ne négligeant pas les moindres détails, il s'affaira à extraire les balles du gilet et planqua le corps du terroriste derrière le meuble du fond afin de faire disparaître tout trace d'indiscrétion. Une fois paré, la mitraillette légère et la radio en mains, il sortit du bureau pour infiltrer et estimer l'organisation des miliciens ennemis. Les longs couloirs sombres, qui formaient le corps de l'infrastructure interne, étaient restés vides, inoccupés, malgré la prise de contrôle des terroristes. Parsemés de plantes en pot, d'énièmes fontaines d'eau et de bureaux d'employé visibles grâce à des murs vitrés, il y régnait un calme silencieux mais dérangeant, les ombres s'y conformant à merveille. L'ambiance créée donnait l'impression d'être à l'extérieur, et ce n'était ni le béton et ni les quelques lampes murales allumées qui dérangeraient cette vision de paix.

À chaque nouvelle intersection, Un-Deux redoublait de prudence et veillait à ne pas se faire surprendre alors qu'il déambulait au devant des lignes adverses. Il se dirigeait souvent vers la gauche et vers la droite depuis son point de départ, à la recherche d'éventuelles patrouilles, mais s'assurait de rester dans le périmètre de la zone occupée. Deux scindements plus tard, après s'être aventuré en-dehors du bâtiment administratif pour vérifier l'état des différents accès de secours, en cas de repli forcé, il revint vers l'intérieur et tomba sur une sentinelle postée en plein milieu d'une intersection principale. Des laboratoires de recherche étaient visibles – malgré la faible luminosité de la lampe du garde – au-delà des murs grâce à des vitres de protection, où des marquages de couleur indiquait différents symboles de dangerosité: risque de dégâts à l'acide, infection virale possible. Derrière lui se trouvait la double-porte fermée qui conduisait au hall central, où se tenait encore la réception. Le garde le vit et le salua, ne se doutant pas un seul instant qu'il avait à faire à un véritable Garde. Ce dernier renvoya son geste de la main, puis lorsque le milicien se retourna vers l'accès automatisé, il enleva le bandeau noir du Groupuscule de son bras droit et l'étira au maximum tout en se rapprochant de sa future cible. D'un geste vif, il passa l'accessoire sur la tête de l'autre homme cagoulé, le laissa reprendre sa forme initiale sur sa bouche et le tira, avec force, vers l'arrière. Surpris, le garde ne put rien faire et tenta d'alerter ses congénères en criant, mais le bout de tissu étouffa les sons qui sortirent de sa gorge; enfin, une fois mis à terre, le soldat lui asséna un coup de poing droit en pleine face pour l'assommer. Pour éviter d'attirer l'attention des patrouilles, même s'il n'en avait croisé aucune jusqu'à présent, il traîna le corps inanimé jusqu'aux sanitaires qui se trouvaient à la droite de l'infiltré pour l'y déposer et reprendre son avancée. Après avoir remis le bandeau à son bras, il sortit des toilettes pour continuer discrètement aux alentours, privilégiant la neutralisation des sentinelles individuelles aux équipes d'assaut.

Le silence régnait toujours en maître dans ces lieux où la vie affluait en permanence dans la journée, et chaque rencontre dans les artères principales du bâtiment administratif se déroulait de la même manière qu'avec le premier terroriste. Lorsque le soldat vint à bout du sixième individu, après avoir presque fait un tour complet du premier étage, il passa la double-porte pour retourner au lieu de la réception, où la majeure partie des forces ennemis surveillait chacun des sept étages. Comme le temps jouait contre lui, avant que FearSky Un-Leader n'intervienne en force avec les forces spéciales des Gardes, il précipita le mouvement – mais sans presser le pas pour ne pas éveiller des soupçons – en se rendant directement au dernier niveau, grâce à l'escalier en colimaçon le plus proche, afin d'atteindre les postes de sécurité. Arrivé au balcon, il remarqua que la surveillance était plus renforcée qu'en-dessous, et il dût passer près du rebord pour contourner un quatuor d'hommes cagoulés qui surveillait la double-porte blindée. À cette hauteur, il avait une très bonne vue sur la place du rez-de-chaussée, où la plupart des terroristes avaient pris place au milieu des invités pour manger et boire les apéritifs. Néanmoins, un détail lui paraissait suspect: ces derniers se servaient dans les plats d'argent, répartis sur les différentes tables, nappées de jaune, mais ces mêmes récipients ne contenait rien. Et ce n'était pas la hauteur qui lui jouait des tours: d'ici, le minerai fondu était éclatant, de par la lumière extérieure, ce qui était logiquement impossible s'ils avaient été rempli de victuailles. Mais alors qu'il cligna des yeux, il sentit une drôle de sensation: ses membres tressaillirent, comme parcouru par un frisson, et Un-Deux sembla perdre l'équilibre. Lorsqu'il vit à nouveau, les plats étaient pleins. Des fruits, des légumes et des gâteaux colorés arboraient la vaisselle miroitante, ce qui laissa le soldat perplexe. Malheureusement pour lui, il ne pouvait se permettre de perdre davantage de temps sur ce qui pouvait être un coup de pompe et continua son avancée, passant l'accès aux nouveaux couloirs.

À la différence du premier, cet étage était constitué d'un sol, de murs et d'un plafond noir, où des marquages en bande jaunes encadraient les portes des salles et les coins. Par expérience, l'infiltré reconnut le poste de sécurité et avança d'un pas sûr vers la salle de contrôle du bâtiment. Décidé à reprendre les lieux et à stopper le Groupuscule, il devait trouver un tableau de commandes et réactiver les systèmes principaux de défense. Les premières portes n'avaient rien de spécial, mis à part des néons rouges qui les encadraient. Il continua donc tout droit, avançant encore dans une semi-obscurité et remarqua que des impacts de balle récents figuraient sur les murs. Quelques mètres plus loin, il s'arrêta devant une flaque de sang: des marques de semelles, ainsi qu'une traînée rougeâtre, se dirigeaient vers le côté gauche, où une porte était encore ouverte. L'arme braquée, il la passa avec précaution et entra dans un placard, où trois corps gisaient. Ceux-ci portaient des uniformes de sécurité bleus, ainsi qu'une casquette, un gilet pare-balles – moins épais que ceux des terroristes – et une lampe-torche. Devant cette découverte, il n'y avait plus aucun doute sur ce qui leur était arrivé lors de l'assaut... Un-Deux se baissa près de l'un d'eux et vit que son revolver ne figurait plus dans son port, fixé à la jambe droite. De même, ses cartes de décryptage manquaient à l'appel. Sans leur porter plus d'attention, il quitta cette petite pièce macabre pour retourner dans le couloir. Plus loin, lorsqu'il arriva à une intersection, qui ne permettait d'aller qu'à gauche et à droite, il prit cette dernière direction et eût la surprise de tomber nez-à-nez sur deux gardes cagoulés postés devant une des nombreuses portes de cet étage. Il s'approcha d'eux et tenta de passer l'encadrement, mais l'un des deux terroristes le stoppa d'un geste de la main et lui demanda d'une voix grave très prononcée:

Qu'est-ce que tu fais là, toi? Pourquoi tu n'es pas à ton poste, à suivre les ordres qu'on t'a donné?
Justement, répliqua le soldat, je viens d'en recevoir, et le chef m'a demandé de vérifier un par un nos différents points stratégiques. Mais si tu as un problème avec ça, tu n'as qu'à aller lui en parler.

Sur ces mots, le terroriste ravala sa salive et hésitait à poursuivre la conversation. Apparemment, il semblait que les «bras» n'étaient pas en position de contester, pensa Un-Deux. Après un mouvement de panique, où le garde regarda rapidement autour de lui pour voir si leur patron était là ou pas, il baissa la main gauche et laissa Un-Deux rentrer dans la petite salle qui se trouvait de l'autre côté de la porte. Devant lui s'en trouvait une autre, ouverte cette fois-ci, qu'il emprunta pour rentrer dans une salle plus grande, équipée de serveurs informatiques et de multiples moniteurs muraux, où de nombreuses lignes de codes défilaient à une vitesse vertigineuse. Deux ingénieurs cagoulés avaient pris place sur deux des trois sièges présents et manipulaient avec précaution le matériel numérique. Comme il devait se servir de ce dernier pour remettre en état le système de sécurité, il prit sa bombe fumigène qu'il lança, sans la dégoupiller, dans un coin de la pièce, en-dehors de la vue des informaticiens. Celle-ci rebondit plusieurs fois contre les murs adjacents et le sol, et le bruit provoqué suffit à détourner l'attention de l'homme le plus proche. Un-Deux profita alors de cette diversion pour s'approcher par-derrière de l'autre individu, saisit d'un geste vif sa tête avec ses mans et la tourna brutalement sur la droite pour lui briser les cervicales. L'action fut à peine entendue par le coéquipier, qui s'était levé pour ramasser le petit tube cylindrique gris, intrigué par sa présence. Le soldat agit en conséquence en s'attaquant à celui-ci: alors que la porte de la salle était toujours ouverte, il vint derrière le terroriste, accroupi, qui regardait avec étonnement la grenade, et lui asséna un coup de pied puissant dans la nuque.

Immédiatement tué, le cadavre tomba, la face tournée vers le sol, sans que les deux gardes du couloir ne se rendent compte de quoi que ce soit. Par mesure de précaution, Un-Deux prit en main le corps du défunt et le remit sur sa chaise, donnant l'aspect d'un homme endormi sur le clavier de l'un des serveurs. Puis, il s'assit sur la place disponible, ouvrit la console informatique par-dessous pour atteindre les câbles de connexion, prit son oreillette et la brancha sur ces derniers. L'activant, de nouvelles interfaces holographiques apparurent dans les airs et donnèrent au Garde un accès total aux contrôles du bâtiment. Tandis qu'un plan de l'infrastructure était lui indiquait les accès ouverts ou verrouillés, un autre indiquait l'état actuel du réseau numérique. Enfin, le troisième montrait son statut au sein de l'armée, ainsi qu'une transmission en cours d'activation sur la fréquence «F.E.A.R.S.K.Y». Lorsqu'elle fut pleinement opérationnelle, il déverrouilla les accès du premier étage alors que tous les autres qui conduisaient vers l'extérieur, y compris le hall d'entrée, se fermaient automatiquement. Une fois le bouclage fini, un protocole de sécurité s'afficha sur le troisième écran, qui révéla la présence des formes de vie encore présentes sur le plan du quartier général de la Fonderie. Sa tâche terminée, il déconnecta son oreillette de l'appareil, qu'il remit sur son oreille droite, et quitta la salle par une trappe de secours situé non loin de la porte – qu'il ferma au cas où –, pour descendre à l'étage inférieur.

Il arriva dans une sorte de petit local, qui faisait office d'armurerie de secours au vu des quelques fusils d'assaut M-Gear, accrochés au mur à la verticale, et des grenades neutralisantes officiant sur des étagères de métal. Il en récupéra quelques-unes et emprunta la porte de la pièce, qui donnait sur un nouveau couloir, bleu azur cette fois-ci, toujours plongé dans une semi-obscurité. En face de lui se trouvait un panneau murale indiquant deux chemins: à sa gauche se trouvait une cafétéria ouverte, où des tables et des bancs ronds figuraient, ainsi qu'un comptoir au fond de la pièce qui présentait diverses boissons, verres et en-cas sur des étagères superposées; tandis qu'à droite, il semblait y avoir des salles de détente et de sport. La Fonderie étant l'un des principaux centres d'activités de la société, le soldat trouvait cette disposition plus que normale, bien qu'au vu des circonstances actuelles, il n'y trouverait pas une grande utilité stratégique. Néanmoins, les voix qui s'élevèrent du bout du couloir, en provenance de la droite, l'incita à changer de tactique. Comme il avait désormais accès aux commandes principales du bâtiment, Un-Deux réfléchit en vitesse à un plan risqué, mais payant en sa faveur. Il se dirigea vers le comptoir du bar privé, zigzaguant furtivement entre les tables, et examina celui-ci pour y trouver deux petites bonbonnes de gaz cachées dans la structure en bois bleu clair. Il passa au-dessus du meuble, en récupéra une et ouvrit l'autre, laissant le contenu se libérer dans l'air. Puis il revint sur ses pas, faisant attention à ne pas faire de bruit pour attirer les terroristes qui semblaient venir par là. Il activa son oreillette à nouveau, faisant apparaître les trois écrans holographiques, et sélectionna du regard deux des options disponibles sur le plan de l'infrastructure: «Ventilation» et «Portes étanches». Paré à agir, le soldat ouvrit sa bonbonne et la jeta vers les tables, dans l'espoir que la patrouille ennemie tombe dans le piège. Ce qui n'allait sans doute pas tarder puisque la chute de l'objet métallique sur ses cibles provoqua un vacarme retentissant jusqu'au fond du couloir.

Pour ne pas éveiller les soupçons de la patrouille, Un-Deux retourna dans l'armurerie de secours et ferma la porte d'accès. Plaqué contre elle, l'ouïe à l'affût, il entendit les bruits de pas pressés des terroristes, alertés par sa diversion. Avec le détecteur de signes de vie du système holographique, il vit qu'il avait à faire à une bonne quinzaine d'ennemis si jamais le plan tournerait mal. Mais lorsque tous les points bleus du plan atteignirent la cafétéria, il activa la fermeture des portes étanches de sécurité tout en retirant l'air de la salle grâce à une commande spéciale de la ventilation – et ce, seulement avec des clignements d’œil. Le couloir dégagé, il sortit du «placard» et fixa le mur de fer gris qui scellait désormais l'entrée de la cafétéria. Sur l'écran du plan, une jauge verte, qui indiquait le niveau d'oxygène, baissait rapidement, passant bientôt en-dessous des 50%; de plus, les capteurs signalaient la présence de gaz inflammables dans l'air, malgré le départ de ce dernier. En tendant une nouvelle fois l'oreille, Un-Deux put entendre les plaintes effrayés des terroristes, dont certains tapaient aux portes étanches pour espérer pouvoir sortir. Et il semblait que, malgré leur piteuse situation, aucun d'entre eux n'avait eu l'idée de demander de l'aide avec leurs radios. Au soulagement du soldat. Jusqu'à ce qu'il entende l'un d'eux crier au-delà de la fermeture:

Reculez, je vais tenter de faire sauter la porte!

Prenant conscience du danger, bien que son plan le prévoyait, le soldat ne resta pas sur place et se dirigea au pas de course vers les salles de détentes. Il prit un tournant à droite quelques mètres plus loin, puis à gauche, et une autre fois à droite, passant devant le même décor végétal et les mêmes ateliers de sport, pour arriver devant la double-porte du cinquième étage. Mais lorsqu'il la franchit, retournant dans le dôme central, une détonation et quelques secousses secouèrent les plate-formes surélevées. Un-Deux désactiva alors son oreillette et prit la radio noire en main. Il s'approcha du rebord pour voir le rez-de-chaussée, où les otages et le représentant du Groupuscule étaient encore présents. Ce dernier prit d'ailleurs son appareil de communication, regarda vers les étages supérieurs et demanda d'une vive voix, l'air affolé:

Mais putain, qu'est-ce qui s'est passé?!
Ici l'équipe quatre, répondit une voix étrangère. Aucune idée, chef; mais on aurait dit qu'une explosion venait du cinquième ou du sixième étage...
Merde, je croyais qu'on avait le contrôle du bâtiment! répliqua le chef. Bon, équipe cinq, ici le lieutenant Bokker, vous me recevez?

Un long silence radio suivit, ce qu'Un-Deux comprit immédiatement: la patrouille qu'il avait piégé n'était autre que l'équipe cinq. Mais ce qui avait captivé son attention était le nom de leur responsable: Bokker. Il se doutait bien qu'il s'agissait peut-être d'un pseudonyme, mais avoir ce nom faciliterait la traque des dirigeants du Groupuscule. Or, pour l'instant, sa mission était de neutraliser leurs forces armées. Suite au silence, le lieutenant reposa sa question sur la fréquence:

Bon, équipe cinq, vous êtes là? ...Merde! Les ingénieurs de l'équipe six, vous pouvez me dire ce qui est arrivé?

Une nouvelle fois, il n'y eût aucune réponse. Une autre voix inconnue s'éleva alors pour déclarer:

Chef, ici les gardes de la salle de sécurité. On a un problème: les ingés sont morts!
QUOI?! s'exclama Bokker, dont un sentiment de crainte commençait à se faire sentir dans sa voix. Mais comment est-ce que...? Oh, putain de merde! Les Gardes sont là!
Ici le chef de l'équipe trois, dit une nouvelle voix sur la fréquence. C'est impossible, on a bouclé les entrées et sorties de l'infrastructure avec l'équipe un et deux.
Dans ce cas, expliquez-moi comment on a pu avoir deux morts et une explosion sur les bras?
On n'en sait rien, nous! rétorqua le sous-lieutenant. Si ça se trouve, c'est peut-être l'interface neurale des systèmes de sécurité qui a fait foiré certains protocoles informatiques. Et comme les ingés étaient directement branchés sur elle, leur cerveau n'ont pas dû tenir le coup, voilà tout!
...Mouais, déclara Bokker d'une voix calmé, peu emballé par l'explication. Au cas où, je préfère ne pas prendre de risque: que tous les gars encore actifs se mobilisent pour fouiller la zone.

Il regarda autour de lui et semblait attendre quelque chose, fixant les hommes cagoulés des alentours. Puis il tira une rafale en l'air, perçant l’œil de vitre du dôme, et gueula contre ces derniers sur le pourquoi de leur immobilité. La plupart s'activèrent et rejoignirent les étages et les double-portes pour passer le bâtiment au peigne fin. Quant au reste, ils ne bougèrent pas pour continuer de surveiller leurs otages, qui s'étaient mis à terre à cause de l'action du lieutenant Bokker. Y voyant une opportunité, et comme il était seul sur le balcon, Un-Deux réactiva son oreillette et sélectionna à nouveau la «Fréquence F.E.A.R.S.K.Y», puis le contact «Un-Leader». Il attendit quelques instants, puis lorsque la connexion fut établie, il demanda:

FearSky Un-Leader, ici Un-Deux, vous êtes là? À vous.
Ouais, ouais, je suis là, Un-Deux! s'exclama le commandant. Qu'est-ce que je peux faire pour vous, cette fois-ci?
Êtes-vous prêt à intervenir?
Bien sûr qu'on l'est! Pendant que vous faisiez vos repérages, on a eu le temps de déballer le matériel et d'encercler la zone. D'ailleurs, nos capteurs sismiques ont détecté de faibles vibrations en provenance de la montagne, vers le fond de l'infrastructure; vous y êtes pour quelque chose, je suppose?
Vous supposez bien, chef. La Fonderie devra s'équiper d'une nouvelle cafétéria, mais le tiers de leur effectif a pu être neutralisé. Et les trois-quarts restants sont en train de quadriller les couloirs du dôme central à la recherche d'un éventuel Garde...
Autrement dit, ils ne se doutent pas un seul instant que vous êtes là?
Exactement. Écoutez, je vous transférerai le contrôle des protocoles de sécurité une fois que le dôme sera isolé. Avec moi à l'intérieur, bien évidemment. Comme ça, vous pourrez vous occuper des autres terroristes. Les accès seront déverrouillés automatiquement pour nos gars.
Bien reçu. Et les otages, dans tout ça?
Non secourus, mais s'ils sont aussi désorganisés à cause d'un imprévu, je pense que leurs tortionnaires les laisseront pour aller se frotter à nos forces d'assaut.
Ah, vous «pensez»? rétorqua ironiquement Un-Leader.
Oui, c'est le cas; contrairement à vous, de surcroît. Attendez mon signal et vous pourrez intervenir. Un-Deux, terminé.

Malgré son respect pour la hiérarchie, le soldat ne laissa pas la parole à son chef, qui s'apprêtait sans doute à lui demander quel genre de signal il devait attendre. De toutes manières, avec toutes les Périodes de son service, il devait pertinemment savoir quelles étaient ses méthodes, sa façon d'agir. Mais non, le commandant s'entêtait inutilement à tenter de le faire obéir... Quoiqu'il en était, il regarda une dernière fois le plan du bâtiment et verrouilla tous les accès du dôme pour l'isoler du reste de l'infrastructure, juste avant de passer les contrôles aux forces spéciales. Puis il éteignit les écrans bleus, remit sa fréquence militaire en mode écoute pour pouvoir donner le signal et monta à l'étage supérieur pour une ultime vérification. La mitraillette braquée, il retrouva le quatuor de terroristes en haut de l'escalier, qui surveillait encore l'accès blindé des salles de sécurité. Deux d'entre eux étaient de dos, par rapport à Un-Deux, tandis que le troisième scrutait du regard les balcons voisins; le dernier, quant à lui, fumait, adossé contre la double-porte et semblait ne pas porter beaucoup d'attention à la tournure que prenaient les événements.

Sans crier garde, il lança son arme vers ce dernier, qui la rattrapa par réflexe, lâchant sa cigarette. Le temps qu'il le fasse, Un-Deux s'était avancé derrière le duo et leur avait brisé les cervicales en tournant violemment leurs têtes d'un côté: le premier vers la droite et le second vers la gauche. Devant cette démonstration de force, et surtout cette attaque inattendue, l'homme voulut tirer avec sa mitraillette, mais avec les mains occupés avec celle du soldat, il n'eût pas l'occasion de le faire puisqu'Un-Deux s'en alla vers lui en hâte, le saisit à la gorge et l'étouffa en silence, le plaquant contre l'accès verrouillé. Sa victime tenta de pousser un gémissement de détresse pour alerter le dernier terroriste, toujours accoudé au rebord du balcon, alors que les deux corps inertes du duo malchanceux tombèrent doucement au sol, mais en vain. La seule chose qu'il put faire était de se débattre, en tentant de repousser l'infiltré, mais il finit par perdre son souffle au bout d'un quart de scindement. Un-Deux relâcha son étreinte, posa délicatement le corps au sol, reprit sa mitraillette et s'approcha de sa dernière cible dans le dos. Prenant la grenade paralysante, il la dégoupilla, la fourra d'un geste vif dans l'une des poches du gilet pare-balles noir du terroriste – à son insu – et le balança par-dessus le rebord en le saisissant et en le projetant de toutes ses forces en avant. Comme il s'y attendait, la victime hurla de peur, ce qui alerta les forces restées au rez-de-chaussée. Un-Deux entendit très clairement le bruit de l'impact au sol, puis une détonation suivie d'un sifflement aiguë, à en percer les tympans. Une clameur s'éleva du sol, puis des coups de feu furent donnés vers les étages supérieurs.

Afin d'amorcer la phase finale de son plan, le soldat redescendit par les escaliers pour atteindre la place centrale. Il croisa, en chemin, un groupe de sept membres du Groupuscule qui montait, sans doute pour découvrir ce qui se passait. Considérant sa couverture fichue, il enleva le cran de sûreté de sa mitraillette, mit une balle dans la tête du premier homme venu, saisit son corps pour qu'il fasse office de bouclier et élimina successivement les unités ennemies restantes. Les trois premiers, déboussolés par ce retournement de situation, n'eurent le temps de rien faire et tombèrent sur les marches, les jambes, les bras et la tête ensanglantés. Les trois autres ripostèrent, mais leur manque d'entraînement au maniement des armes à feu se faisait ressentir aux balles qui volaient tout autour d'Un-Deux. Et les seules qui l'atteignaient vraiment furent stoppées net par le gilet pare-balles de son bouclier humain décédé. Une fois l'affrontement terminé, le soldat finit sa descente, enjambant les cadavres – dont le sang coulait à flot sur l'escalier – et arriva finalement au rez-de-chaussée, où il fut accueillit par les membres restants du Groupuscule. Avec le désistement de leurs forces pour chercher l'intrus dans la Fonderie, il ne restait plus que cinq hommes cagoulés – trois sur son flanc droit et les deux autres sur le front gauche, les armes braqués sur lui – en plus du lieutenant «Bokker». Ce dernier le tenait aussi en joue avec un revolver noir à canon long. Derrière lui se tenaient toujours les invités de la réception, dont certains étaient en pleurs ou tétanisés par la peur. Sur cette position, il n'avait plus d'autre choix que de se rendre, posant sa mitraillette et levant les mains, et d'attendre sa mise à mort. Heureusement, comme il s'en était douté, le chef du contingent prit la parole et lui demanda d'une voix sérieuse:

T'es qui, toi? Un mercenaire? Un Pirate? Un Garde?!
À vous de voir, répondit calmement Un-Deux. Gardez juste à l'esprit que je ne suis là que pour rétablir l'ordre, ni plus, ni moins.
Ouais, tu es donc bien un de ces foutus acariens du Consortium! Mais comment as-tu réussi à entrer ici, hein?
Telle est la question, n'est-ce pas? répondit ironiquement le soldat, le sourire aux lèvres.
Arrête de te foutre de ma gueule, le pion! s'exclama Bokker. Je n'avais pas encore pris contact avec le Conseil, ce qui implique que tu étais là bien avant notre arrivée. Je veux donc savoir où tu te trouvais et pourquoi tu t'es mis en tête de tenter de nous coincer...
Peut-être parce que c'est mon boulot, de veiller à la sécurité de la veuve et de l'orphelin. Mais comme vous l'avez si bien dit, je vais vous coincer.

Les six hommes cagoulés éclatèrent de rire à sa dernière déclaration, la prenant plus comme une plaisanterie qu'une menace sérieuse. Le lieutenant Bokker baissa son arme, tendit les bras vers le plafond et rétorqua, fier de lui:

Ah, messieurs-dames, nous voici devant un cruel dilemme! Devant vous se trouve le gars qui a dû éliminé nos techniciens informatique en plus de l'équipe cinq. Je n'ai pas encore eu un rapport précis de nos forces restantes, mais il semblerait que votre réception ne soit que d'une petite importance pour que le Consortium n'envoie qu'un seul Garde... Enfin bref, voilà le souci de cette rencontre inopinée: tant qu'il est toujours vivant, ce sera un problème majeur dans notre plan. Je me doute néanmoins qu'il sait pour vos collègues blessés, mais qu'il a préféré suivre son «plan» pour espérer nous neutraliser.
Qui vous dit que je n'ai pas déjà réussi? demanda Un-Deux.
...C'est-à-dire? demanda Bokker, non pas inquiet, mais curieux. Car, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, tu t'es jeté tout seul dans un guet-apens.
Question: si vous ne contrôlez plus le bâtiment par l'informatique, et que ce n'est plus moi qui l'ai, alors qui l'a? Réponse possible: je ne suis pas seul à agir.

Ces mots glacèrent l'ambiance tendue, et les terroristes commençaient à jeter des coups d’œil nerveux vers leur leader, comme s'ils se rendaient compte qu'ils s'étaient faits avoir depuis le début. Et, au bonheur d'Un-Deux, Un-Leader avait compris le signal: plusieurs explosions, venant de l'accès qui donnait sur le hall d'entrée de la Fonderie, se firent entendre et secouèrent un peu les tables et la vaisselle d'argent. Puis des cris de détresse et de guerre purent être perçus malgré l'épaisseur des portes de sécurité blindées, suivi de coups de feu. Mais ce qui attira réellement l'attention des personnes présentes fut le halo de lumière blanche qui illumina d'un coup la place centrale, aveuglant temporairement ces dernières devant cette apparition subite. Bien qu'ébloui aussi, Un-Deux put distinguer les formes floues de ces ennemies et se dirigea vers l'un des hommes de droite, saisissant sa mitraillette des mains et dégoupillant sa grenade fumigène attachée à sa ceinture.

Quand il retrouva une vue suffisante pour distinguer clairement ses cibles, il s'empressa de braquer l'arme vers les deux autres terroristes pour leur tirer une balle dans leur tête en même temps que la bombe ne se déclenche. Comme il craignait une réaction violente des trois autres tireurs, il prit l'homme qu'il avait désarmé en nouvel bouclier humain – vivant, cette fois-ci – et profita du nuage de fumée grise pour tromper leur jugement. Ainsi, ils criblèrent non pas le soldat, mais leur allié d'une rafale de balles. Lorsqu'ils eurent vidés leur chargeur, ils s'empressèrent de recharger sans prendre la précaution de se mettre à couvert, ce qu'Un-Deux tira profit en tirant ses dernières balles pour les abattre. Les deux corps tombèrent en arrière et, lâchant le sien, le soldat prit un chargeur dans son gilet pare-balles, l'inséra dans l'arme pour remplacer le vide, puis il la braqua vers le lieutenant au moment où le faisceau de lumière s'estompa. Les mains couvrant son visage, le chef du contingent était en mauvaise posture, son escouade aux prises avec les forces d'intervention du Consortium et ses équipiers descendus par Un-Deux. Néanmoins, il ne lâcha pas l'affaire et sortit un détonateur cylindrique noir de son dos, qu'il enclencha sans crier garde. La fontaine de la place se désactiva alors pour faire disparaître l'illusion: au lieu que l'eau n'arrête de s'écouler, la construction de pierre disparut pour laisser place à un générateur holographique, qui était de même forme que sa création virtuelle. Puis, il vola en éclat, projetant des bouts de fer aux alentours. Le soldat se mit à couvert pour se protéger des projectiles, comme le firent aussi les ex-otages, mais négligea Bokker qui s'enfuyait par le trou formé. Une fois la projection passée, il voulut le rattraper en passant à son tour par cette sortie imprévue, mais il dût abandonner lorsqu'une nouvelle détonation fit remonter un nuage enflammé. La seule conclusion qu'Un-Deux put concevoir sur l'instant était que le Groupuscule avait prévu son coup depuis longtemps, et que le combattre ne serait pas chose aisée.

Mais pour l'instant, il devait sortir de là pour éviter de mourir. Déguisé en terroriste, il avait de bonnes chances pour se faire abattre involontairement par ses compagnons dans ce champ de bataille. Et révéler son identité était inconcevable, surtout s'ils tombaient sur des membres survivants du camp adverse. Laissant les hommes et femmes libérés, il emprunta le chemin de la porte principale, qui se démarquait des autres par sa taille imposante. À son approche, le mur de titane, qui la fermait hermétiquement, s'ouvrit grâce aux instructions laissées dans le système informatique de la sécurité; sans son oreillette et le code militaire qu'elle contenait, la chose serait impossible. Lorsqu'elle fut pleinement ouverte, il découvrit un grand couloir plongé dans l'obscurité, où plusieurs cadavres gisaient à terre: les victimes ne furent pas difficiles à identifier avec leurs cagoules, et Un-Deux ne tarda pas à reconnaître l'efficacité de sa section d'assaut. Comme il n'y avait plus de Gardes ici, il put avancer jusqu'au bout du chemin pour arriver dans le hall d'entrée, qui était composé de deux postes d'accueil symétriques situés près de l'entrée, au pied de l'escalier qu'il s'apprêtait à descendre. Au-dessus de lui se trouvait un étendard bleu géant marqué du symbole de la Fonderie: une pioche et une pelle croisée, noire toutes les deux, surmontant un grand «C» blanc. Il put voir dehors, au-delà de la façade vitrée de l'entrée, tout un attirail de véhicules militaires d'assaut, terrestres et aériens, postés devant le bâtiment, sans doute prêts à tirer en cas de sortie en force de la part des survivants. Comme il en avait terminé avec cette histoire, de toutes manières, il ne lui restait plus qu'à sortir sans montrer de signes d'hostilité envers les Gardes. Un-Deux lâcha sa mitraillette, enleva son gilet pare-balles noir et prit la porte pour enfin sortir à l'air libre.

Comme d'habitude, le ciel était peu couvert, ce qui permettait de distinguer clairement la nuit étoilée du Globe, éternelle et, sans aucun doute, infinie. Devant lui se trouvait un panneau décoratif où était écrit le nom du bâtiment en gros caractères noirs, avec un parterre de fleurs bleus qui l'entourait. Les mains en l'air, bien en évidence pour faire signe à ses compagnons de sa reddition, il marchait doucement vers eux malgré le fait que les projecteurs déployés pour éclairer les façades de la Fonderie l'éblouissait un peu. Lorsqu'il fut repéré et en vue par un faisceau de lumière projeté par l'un des transporteurs aériens, ce dernier descendit et déposa deux Gardes, vêtues de leur tenue de combat: c'était une armure mélangeant des plaques de métal renforcés, couleur bleue, dont l'épaisseur était facilement visible. La forme était adaptée au corps des individus, mais ce qui caractérisait la différence avec les terroristes du Groupuscule était leur armement lourd: deux fusils d'assaut de classe M-Gear, ressemblant au OICW classique, mais équipés d'un canon principal plus court et d'une turbine à l'arrière de l'arme, qui ionisait les balles tirées. De plus, ils portaient un casque gris foncé, des lunettes de protection – dont l'interface numérique était visible sur une partie du verre – et un bout de micro sortant du côté droit de leur protection crânienne. Enfin, une dénomination figurait sur la partie gauche du torse, au-dessus du poumon: «F.E.A.R.S.K.Y» sur la première ligne, pour les deux armures, et leur matricule d'identification sur la seconde. Ainsi, il reconnut Trois-Trois et Trois-Quatre, qui lui sommèrent de se mettre à genoux et de plaquer les mains à l'arrière de la tête. Exécutant leurs ordres, il se fit menotter grâce à un collier particulier, qui lui accrocha les trois parties du corps ensemble, avant de se faire embarquer à bord du véhicule, qui n'était qu'un grand pavé de métal bleu-noir équipé de quatre propulseurs latéraux – à la manière de roues de voiture, et de deux G-Gear à l'arrière, dans la cage de transport, qui ressemblaient à des sulfateuses noires, elles aussi équipé d'une technologie à ionisation. Debout, les trois personnages décollèrent et partirent de la zone, laissant le sort des otages au reste de l'armée.
































«Se fier aux apparences, c'est se fier à la mort. Si vous voulez survivre, apprenez à voir au-delà.»
_________________________________________________

Commentaires
Revenir en haut Aller en bas

Project Novus (Le vrai titre est confidentiel pour l'instant) [+13]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Love-Fan-Fictions :: Au temple de l'écriture :: Science - Fiction-